ALBERTINE SARGES

Albertine Sarges
Family of Things
Le 25 novembre chez Moshi Moshi


Family of Things consiste à explorer le banal, à rapprocher le lointain et à faire ressortir l’universel du particulier. C’est un projet qui aspire simplement à une émotion authentique, où qu’elle se trouve.

L’immédiateté émotionnelle d’Albertine Sarges est telle qu’elle semble franchir cette barrière entre la musique et la personne qui l’écoute, soit avec des paroles confessions comme « je m’habille comme une grand-mère », ou des interactions avec des collaboratrices qui jouent des rôles clé dans cet album comme la chanteuse Anna B Savage, la poète Amanda Monti ou la flutiste Lisa Baeyens.

Bien que « Hold On » traite ostensiblement de la dépendance à la nicotine, ce titre peut s’appliquer à tout type d’addiction : drogue alcool, sexe, travail, relations, pâtisseries de luxe. De même sur « Birds Life », elle chante « Je fais toujours les mêmes choses de travers ». C’est avec ces préoccupations si réalistes que l’EP semble venir nous chercher, tourné vers la compréhension.

Il est intéressant de voir comment certains sujets se sont diffusés à travers les projets de Sarges.
« Free Today », le premier titre de son album Sticky Fingers (2021) est basé sur des livres et théories en réaction à la prévalence des réseaux sociaux. De même,
« Wake of a New Dawn », le morceau d’ouverture de ce nouvel EP Family of Things nous suggère de toutes et tous poser nos téléphones.
L’EP explore la vie réelle désordonnée : la crème glacée etéalée sur une clavicule dans « Ethil » ou la
dépendance à la nicotine dans « Hold On », ou même les mèches de « gentle hair » (cheveux doux qui ne seront pas tressé dans « Bird ‘s Life ». Tout ceci constitue des préoccupations discernables, analogiques, IRL.

Le point culminant de cette progression est le dernier morceau de l’EP,  » Deep Well « . Il est logique que cette coda ait un son beaucoup plus étranger que tout le reste de l’EP, sans le son sec et funky des chansons précédentes, mais avec une palette sonore cosmique de flûte, de réverbérations caverneuses et de synthétiseurs tremblants. Nous pourrions situer cette chanson entre Vanishing Twin, Air et Harumi Hosono, des artistes qui sont capables de façonner de manière transparente un sentiment de calme pur à côté d’une pure étrangeté. Un peu comme « The End » sur le premier album de The Doors, « Deep Well » reconfigure et redéfinit tout ce qui a précédé. Le souffle étrange, expérimental et quelque peu gélifié contenu dans une grande partie de cette chanson est tel que lorsque la voix de Sarges revient (environ quatre minutes et demie plus tard), on l’accueille comme
un vieil ami.