
Uzhur
Uzhur
Sortie le 24 mars chez Nahal Recordings
Étapes d’un voyage au-delà des repères spatio-temporels, les six morceaux du premier album éponyme d’UZHUR, convoquent autant de visions post-apocalyptiques qu’il y a de cerveaux pour les imaginer. Dans un flot d’improvisation totale, tout ce qui émane des sessions enregistrées par ce duo mystérieux nourrit une matière éminemment organique, qui tout en faisant parler les machines touche d’un peu plus près ce qui nous rend humain. Les ingénieurs du son et musiciens Jean Charles Bastion et Romain Poirier ont l’habitude de composer pour l’image ; ils s’amusent ici à en définir les contours. On pense au Doom Metal poisseux de Khanate (XELON) où vitupèrent les coups sans retenue du batteur Arnaud Rhuth (Le Réveil Des Tropiques, One Second Riot), aux tensions électriques d’un Ben Frost dans le jaillissement du synthétiseur modulaire de l’artiste/producteur Mondkopf (GENUS), ou au Power Electronics de Whitehouse ou Greymachine dans les décharges et les grondements, mâtinés d’une grâce toute particulière, d’une poésie qui prendrait le temps de surfer l’extrême et d’évoquer à son tour des instants de cinéma. Alors, entre les mantras étranges au vocoder, les chuintements et les interférences, au fil d’ambiances et de textures qui s’entremêlent et surprennent, on se laisse aller à leur film, et à une certaine idée du désastre qui étend son onde de choc jusque dans les interstices des espaces que l’on habite.